Mood

Nas versus le fanatisme des réseaux sociaux

Notre note :

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Replay value :

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Mid

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Chaque Vendredi, la même routine. Les nouveaux albums sortent, les gens streament et déversent leurs avis sur les réseaux sociaux. Jusque là, pas de soucis. Depuis 2016 et l’avènement des plateformes de streaming, nous sommes habitués à voir des avis, parfois trop rapidement donnés. Ceci est en rapport avec l’abondance des projets disponibles, comme une idée de surconsommation qui s’est étendue dans l’art. Donc, toutes les semaines, le meilleur album de l’année sort. Les réactions à chaud, une heure après avoir écouté les dernières nouveautés, ne sont jamais très bonnes, quelle que soit l’œuvre écoutée.

Ce Vendredi 11 Novembre 2022. King’s Disease III, le quinzième album solo de Nas, est sorti. Qu’est ce que je trouve problématique autour de cette sortie ? Les réseaux sociaux, et les fans en particulier, qui se sont emparés de deux éléments spécifiques : une photo et 5 lignes d’une des chansons de l’album. La photo ? Celle de Jay-Z, rival historique de Nas, avec sa vingtaine de Grammy Awards postée par un fan de Jay-Z, Nas n’en ayant qu’un, tir subliminal. Les lignes ? Un passage de ‘Thun’ sur lequel Nas rappelle qu’il y avait toujours des choses à dire sur leur beef, même vingt ans après. Ces deux faits ont cristallisé l’essentiel des débats et ont permis de se rappeler qu’il y a eu une vraie tension entre les 2 légendes new-yorkaises entre 1998 et 2004. Depuis, les tensions se sont apaisées entre eux, ce qui a conduit Jay-Z à signer Nas chez Def Jam lors de sa présidence du label. Mais les tensions entre les fans, elles, ne se sont jamais apaisées en fait. Chaque camp multipliant les arguments et les joutes verbales pour mettre en avant son poulain. Les pics envoyés par les artistes (ou les fans), qui à mon sens ne sont qu’une sorte de communication pour faire parler du produit, ont donc remis de l’huile sur un feu très endormi. La rivalité entre ses deux géants n’est plus à l’ordre du jour, les deux ayant leurs noms au panthéon du Hip Hop. Contentons nous de profiter de ce que les deux MCs ont encore à proposer sans avoir pour but de les comparer et les classer sur une échelle de grandeur.

En 2022, la communication et les débats se passent directement sur Twitter, et Nas est le meilleur rappeur de l’histoire pour bon nombre d’amateurs de rap, ce Vendredi 11 Novembre sur les coups de 9h du matin. Je lis les tweets qui tombent, quoi qu’il en soit, la mouture 2022 semble bonne.

Ce qui fait le sel de toute cette histoire n’est finalement que le phoenix qui renaît de ses cendres. En effet, en 2018, Nas finit son contrat de 4 albums avec Def Jam par le projet Nasir. Cet album fait parti des « Wyoming Sessions », 5 albums de 7 pistes chacun, par 5 artistes différents, entièrement produits par Kanye West. Nasir était un projet ambitieux et pas forcément bien compris par le public rap. A ce moment-là, artistiquement, Nas est dans une sorte de disgrâce, il semble à bout de course, sans idée. Il fait face aux mêmes défauts que depuis vingt ans, le QB Finest ne sait pas choisir ses beats, et même Kanye West n’a pas pu le sauver. 

Quel est l’avenir de Nas musicalement, après plus de deux décennies à se faire louer pour ses aptitudes lyricales, mais défoncer pour sa sélection de beats ? La solution, il va la trouver avec un producteur originaire de Californie, Hit-Boy. Ce dernier a eu son heure de gloire dans le début des années 2010, mais sa notoriété ne semble plus aussi brillante qu’en 2012. Le choix peut paraître surprenant mais avec un Hit-Boy retrouvant un nouveau souffle, pourquoi pas ? Et c’est avec lui que Nas va trouver ce qu’il lui a peut être toujours manqué, à savoir, l’alchimie complète avec son producteur. Avec le chef d’œuvre Illmatic en 1994, Nas a été l’un des premiers artistes à appeler plusieurs producteurs différents sur un même album, et en 2020, au crépuscule de sa carrière, on le voit faire machine arrière pour confier la direction artistique de ses projets à une seule tête. De ce duo prometteur va naître la trilogie King’s Disease et un album surprise, appelé Magic, à Noel 2021. Quatre projets acclamés par la critique et le public.

Pourquoi l’alliance des deux artistes fonctionne-t-elle ? Première explication, Nas étant au creux de la vague, ses albums ne vont plus être aussi attendus qu’avant et il va pouvoir travailler pour un public moins hype et plus mature. Et plutôt que de faire confiance une nouvelle fois à des maisons de disques (après Columbia/Sony Music et Def Jam), il va gérer indépendamment sa distribution via son label, Mass Appeal Records. Nas ne va pas se travestir avec des singles putassiers, type de chansons qu’il n’a jamais réussi à mener à bien. Quand est-il de Hit-Boy ? Le producteur est plutôt éclectique. Il est capable de travailler sur du sample, de faire des productions plus synthétiques, des beats plus classiques, des beats plus dans la mouvance actuelle Drill/Trap… Bref, finalement ses productions semblent pouvoir fitter à fond avec Nas et ses envies. Dans la réalisation, ça le fait, sur chaque volume de sa trilogie, il y a de la maîtrise, Nas est à l’aise et retrouve une jeunesse. De gros invités partagent le micro de Nasir : d’ Eminem à Cormega en passant par Lauryn Hill et Lil Durk. C’est finalement aussi éclectique que ne peut l’être Hit-Boy.

Nous pouvons revenir à ce que je disais au début de ce billet. Nas est l’un des 5/10 meilleurs rappeurs à jamais avoir touché le micro et ceci depuis ses débuts dans les années 90. Aucun des nouveaux projets que Nas puisse sortir à partir de maintenant ne pourra encore plus valoriser sa position dans l’histoire du Hip Hop. Il est l’un des meilleurs, l’a été et le restera quoi qu’il se passe. Il est important de laisser maturer les œuvres et d’arrêter de crier au classique sitôt les projets disponibles. Mettre la charrue avant les bœufs n’est profitable ni à l’artiste, ni au public, ni à la culture.

Le run de quatre albums entre Nas et Hit-Boy est bon, voire très bon, et il n’est pas évident de réaliser une trilogie qui tient la route, à l’instar du double album. Le public rap adore voir ses idoles continuer à être toujours performant, presque 30 ans après leurs débuts, et d’autres artistes pourraient s’en inspirer. Revenir à la base, type “I’m the rapper, he’s the DJ”. La mode est un éternel recommencement, mais il faut reconnaître quand c’est réalisé dans une bonne direction. Cette collaboration entre le rappeur et le producteur arrive peut-être à la fin. Je ne suis pas sûr qu’il faille que cela se poursuive. Je suis néanmoins persuadé qu’avec cette nouvelle ère de Nas, plein de producteurs pourraient prendre la relève. Et qui sait, pourquoi pas rêver à cet album commun avec… Jay-Z ?

LE SON

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