Mood

Drake, égoïste ?

Notre note :

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5

Replay value :

Low //

Mid

// High

Pour la deuxième fois de sa carrière, le natif de Toronto s’essaye à un exercice compliqué quand on est un artiste de son niveau : le projet en commun. Au sortir de son excellent album If You’re Reading This It’s Too Late en 2015, il se rapproche de Future pour nous lâcher What a Time To Be Alive. Le problème avec ce projet est justement qu’il est avec Future. Le Hendrixxx étant le MVP de l’année 2015, sans contestation possible, Drake ne fait juste que passer sans réellement imposer sa patte à ce qui a été finalement labelisé comme une mixtape. Malgré une performance en dent de scie de la part du 6 God, le duo réussira à bien vendre le 11 titres, et permettra, aux deux, de capitaliser sur de nouveaux horizons. Future sera plus mélodieux par la suite (à la Drake) et Drake ira vers des sonorités plus minimales et africaines, et arrivera à insérer ces saveurs dans les nouveaux réseaux sociaux (Tik Tok). Cette nouvelle direction lui donnera une position dominante sur les plateformes de streaming. 

Qu’il puisse avoir été moins bon que Future sur ce premier essai en duo a dû avoir un impact sur sa façon d’envisager le projet qui nous intéresse, Her Loss, avec 21 Savage. Drake et 21 Savage, avant ça, c’est 4 titres en collaboration. Les 4 ont été des succès critiques et commerciaux. L’alchimie étant validée, le chemin est direct vers un album en commun d’anthologie. 

Avant de rentrer dans l’album, il est important de revenir sur les éléments extérieurs. Que doit on attendre de l’alliance de ces 2 rappeurs ? Drake est un artiste multigenre. Capable de chanter, de rapper, de toaster… Bref, il est surtout très adaptable à toutes les tendances, ce qui explique que depuis bientôt 15 ans, coup de vieux, il reste à la mode. Il est la mode. Le revers de cette médaille, c’est probablement le manque d’excellence. Toujours plus ou moins bon, jamais excessivement marquant. Mais ce n’est pas un souci à proprement parler, puisque la société déteste ce qu’elle a adulé, avoir comme fond de commerce un moyen d’être toujours adulé et détesté en même temps permet de garder un certain équilibre. Il est évident que Drake sera encore là dans une vingtaine d’années. Ce qui ne sera peut-être pas le cas de 21 Savage, artiste Trap, lorgnant vers le horrorcore dans son début de carrière, relativement conventionnel. Il ne va pas nous surprendre, on sait ce qu’il va nous donner, et le fait de façon très agréable s’il en est. Depuis son début de carrière, il y a eu une évolution vers un profil plus mainstream, le guidant même vers une nomination aux Grammy Awards pour un de ses albums solos. Pour lui, participer à un projet commun avec la plus grande star Hip Hop de sa génération est une opportunité à saisir. 

Sachant tout ceci, la communication officielle peut commencer avec la divulgation de la cover de l’album. Le portrait d’une stripteaseuse, Suki Baby pour les curieux, sur fond rose. On sent déjà qu’on ne va sans doute pas verser dans un projet horrorcore. Viennent ensuite un faux shooting pour le magazine Vogue et une fausse annonce de concert Tiny Desk, qui est un format YouTube de musique live en tout petit comité. Une fausse performance SNL est venue s’ajouter à tout cet arsenal marketing. Ces 3 éléments confirment l’aspect hype du projet, qui se rapproche bien plus de l’univers de Drake que celui, plus sombre, de 21 Savage.

 

Vogue Shooting

 

Tiny Desk

Et cette sensation se confirme assez rapidement à l’écoute de Her Loss. Drake est omniprésent, des productions dans ses styles, aux passages rappés et chantés, il tire la couverture à lui et ne laisse que très peu de place à celui qu’on est en mesure d’appeler son invité. Il démarre la majorité des chansons en duo, il a 4 morceaux solos (contre 1 pour le Savage). Il finit même l’album par son solo. Du coup, il y a un sentiment de raté qui ressort. L’association qui était attendue sonne creux. L’album reste plutôt bon, mais l’alchimie attendue n’a pas lieu, et les quelques samples ultra cramés (A Week Ago de Jay-Z, One More Time des Daft Punk ou Real Ni**as des Diplomats notamment) ne ravivent pas spécialement de nostalgie en moi. Drake occupe deux tiers des lyrics, contre un peu plus d’un quart pour 21. Il est difficile de considérer Her Loss comme un album commun. On peut imaginer que Drake a remercié à sa façon 21 Savage pour son apport sur Jimmy Cooks (dernier gros single de Drizzy, featuring avec 21) en l’invitant massivement sur son futur album solo.

Je me demande si ce duo est vraiment si organique que ça, et si 21 Savage à réellement besoin de faire ce genre projet. Drake aurait plus à gagner à travailler en duo avec un Travis Scott (présent sur Her Loss par ailleurs). Les deux ayant un niveau de célébrité équivalent, il est possible que la connexion et l’unité soient plus évidentes. Je pense bien évidemment à leur tube en commun, Sicko Mode. Quant à 21 Savage, il devrait se focaliser sur des albums ‘mono producteur’, comme il a su brillamment faire avec Metro Boomin’, ou trouver un collaborateur avec un égo moins surdimensionné, ce qui lui permettrait de pouvoir exister. Je pense à J. Cole par exemple. 

A vouloir contrôler tous les éléments, Drake a vampirisé un projet qui méritait d’être plus libre et partagé de façon plus équitable. Il a probablement voulu éviter la mésaventure de What A Time To Be Alive, mais n’a pas pris en compte le fait qu’avec lui il n’y avait pas le même genre d’artiste, mais quelqu’un de moins en vue, qui a besoin d’être sans doute un peu plus dirigé que ne peut l’être Future. On n’attendait pas spécialement une équité parfaite et une répartition au mot près entre Drake et 21, mais pas un tel déséquilibre non plus. Le prochain essai sera le bon, à n’en pas douter.

LE SON

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